
Dans le cadre de la restauration et de l’aménagement de l’Hôtel de la Marine, le Centre des monuments nationaux a confié à l’architecte Hugh Dutton la mission de couvrir la cour de l’Intendant d’une verrière de 300 m2. Une œuvre d’art financée pour un tiers par les Fondations Velux.
Bâtiment emblématique de la place de la Concorde à Paris, l’Hôtel de la Marine était le siège de l’État-Major de la Marine française jusqu’en décembre 2015. Désormais placé sous la responsabilité du Centre des monuments nationaux (CMN), il fait l’objet depuis 2017 d’une campagne de restauration et d’aménagement afin d’ouvrir le site au public à partir de juillet prochain. Ce nouveau lieu aura pour mission de valoriser les savoir-vivre et savoir-faire d'excellence de la France et, plus largement, de faire rayonner la culture française auprès des nombreux touristes qui visitent chaque année le cœur de la capitale. Afin de les accueillir au mieux, il a été décidé de couvrir la cour de l’Intendant d’une verrière cristalline géante – 300 m2 de surface – mettant une création contemporaine au service de la mise en valeur du patrimoine historique.
La problématique
Greffer un équipement contemporain de cette dimension au sein d’un bâtiment classé au titre des monuments historiques datant pour sa plus grande partie du 18e siècle était un sacré défi. Pour la création de cette verrière, située entre le 2e et 3e étage – soit à la limite du niveau ajouté au 19e siècle –, le CMN a confié une étude architecturale au cabinet Hugh Dutton & Associés afin de restituer le volume initial de la cour. L’objectif était de capter et diffuser la lumière naturelle jusqu’au sol de la cour de l’Intendant tout au long de la journée afin d’abriter, en dessous, un espace d’accueil, de présentation et d’orientation des visiteurs. Beau sur le papier, mais coûteux : au total 2,5 millions d'euros. Comme elles l’avaient déjà fait en France pour la restauration des vitraux de la Sainte-Chapelle ou de la rotonde d’Antin du Grand Palais, Les Fondations Velux ont mené une importante action de mécénat, à hauteur de 800 000 euros, soit près du tiers du coût total.
La solution proposée
Pour ce véritable bijou architectural, Hugh Dutton, en col-laboration avec Christophe Bottineau, architecte en chef des Bâtiments de France, s’est inspiré des pampilles des lustres du 18e siècle, ainsi que de la géométrie des pierres précieuses taillées. « Le projet repose sur une stratégie lumineuse consistant en la superposition de matériaux réfléchissants. Nos objectifs ont été de retrouver les proportions originelles de la cour de l’Intendant et d’apporter une lumière zénithale douce aux visiteurs dans un espace auparavant très sombre », explique l’architecte, spécialiste reconnu des structures en verre. Le chantier aura nécessité l'utilisation de pas moins de 35 tonnes de charpente métallique, 16 tonnes de vitrage simple extra-clair avec couche réfléchissante, 11 tonnes de lamelles vitrées?ainsi que 8 tonnes d’habillage réfléchissant.
Le résultat
Réalisé en cinq mois – de mi-août 2019 à mi-janvier 2020 – le chantier d’aménagement de la verrière a permis l’intégration harmonieuse d’une pièce monumentale contemporaine, dans son esthétisme comme dans les techniques utilisées, au bâtiment classé conçu par Ange-Jacques Gabriel. Cet objet d’artisanat taille XXL, permet de faire rayonner la lumière à la manière d’un lustre ou d’un diamant. Pour Philippe Bélaval, président du Centre des monuments nationaux, « ce travail remarquable d’Hugh Dutton, sa maîtrise de la lumière, doit permettre de créer dans la cour de l’Intendant un espace de vie qui contribue au succès du projet d’ensemble ». En somme, un monument dans le monument…